Né à Guercif le 15 mars 1972.
Vit et travaille à Rabat. « …Le propre de l’œuvre protéiforme d’Ahmed Hajoubi est de s’imprimer dans l’imaginaire sans crier son besoin de transcendance, sans condamner le regard à une quelconque reconstitution idéelle de son processus d’élaboration. Procédant d’une dynamique indépendante de la forme et de la matière, les images donnent à voir à chaque exposition un univers dont elles semblent s’émerveiller elles-mêmes. La volonté créatrice y est constamment conjuguée à une résignation jubilatoire à restituer son autonomie à l’art, à loger dans les gestes l’impact du hasard et le vœu de rencontres inédites entre les objets et les supports. Cette continue dépossession de l’œuvre de toute préméditation intellectuelle prend naissance également dans le projet inavoué car peut-être inconscient de l’artiste, celui de sublimer l’enfance. Comme le dit André Du Bouchet de la poésie, l’art de Hajoubi est « un étonnement et les moyens de cet étonnement ». Qu’il peigne, dessine, sculpte, intervienne sur des ready made ou crée des installations, l’artiste conçoit son œuvre avec la naïveté inventive de l’enfant, la gaucherie savante de celui qui sacrifie le sérieux du monde aux vertus d’émerveillement du jeu et de la blague.
Pour mettre en lumière cette prédilection pour l’univers infantile, les textes consacrés au travail de Hajoubi ont souvent interrogé ce motif du « bateau magique » qui marque de sa supra-présence le parcours de l’artiste. Pour comprendre ce choix obsessionnel, les commentaires s’aident d’un biographème : enfant, l’artiste rêvait de voir la mer jaillir de ces contrées arides où il est né. Le bateau est ainsi le signe d’un désir et d’une absence que l’œuvre de l’adulte se doit de combler. Jusqu’aux œuvres montrées lors de sa dernière exposition, à la Galerie Delacroix de Tanger, le bateau est non seulement le dénominateur commun à tous les supports, mais il est surtout le pivot plastique et chromatique de toute l’expérience de l’artiste. Plus qu’une signature, il constitue souvent à lui seul tout le monde réïque de l’œuvre. Légèrement croqué sur une toile, fortement coloré sur un papier ou percé sur une surface métallique, c’est autour de lui que les mises en espace s’orientent et se déconstruisent… ».
Born in Guercif on March 15th, 1972.
Lives and works in Rabat. “…The characteristic of the protean work of Ahmed Hajoubi is to imprint itself in the imagination without shouting its need for transcendence, without condemning the gaze to any ideational reconstitution of its process of elaboration. Proceeding from a dynamic, independent form and material, the images offer a universe which marvels themselves. The creative will is constantly combined with a jubilant resignation to restore its autonomy to art, to lodge in the gestures the impact of chance and the wish for new encounters between objects and supports. This continuous dispossession of the work of all intellectual premeditation also originates in the artist's unacknowledged, perhaps unconscious project, that of sublimating childhood. As poet, André Du Bouchet says of Hajoubi's art is "an astonishment and the means of this astonishment".Whether he paints, draws, sculpts, works on ready-mades or creates installations, the artist conceives his work with the inventive naivety of a child, the skilful awkwardness of someone who sacrifices the seriousness of the world to the virtues of wonder. games and jokes.
To highlight this predilection for the infantile universe, the texts devoted to Hajoubi's work have often questioned this motif of the "magic boat" which marks the artist's career with its supra-presence. To understand this obsessive choice, the comments are helped by a biographeme: as a child, the artist dreamed of seeing the sea spring from these arid lands where he was born. The boat is thus the sign of a desire and an absence that the work of the adult must fill. In the works shown during his last exhibition, at the Delacroix Gallery in Tangier, the boat is not only the common denominator of all media, but it is above all the plastic and chromatic pivot of the artist's entire experience. More than a signature, it often alone constitutes the whole reic world of the work. Slightly sketched on a canvas, strongly colored on a paper or pierced on a metal surface, it is around him that the spatial arrangements are oriented and deconstructed...”.