Journaliste et écrivaine franco-marocaine, Zakya Daoud, alias Jacqueline Loghlan, s’est passionnée pour l’histoire du Maroc et des Marocains. Elle est même l’une des rares étrangères à avoir été naturalisée marocaine. En tant que journaliste, elle a aussi observé, pendant une trentaine d’années, la vie politique du Royaume, avec un esprit critique sans complaisance. En 1966, elle fonde Lamalif, un magazine d'études réflexion tiré à 12.000 exemplaires, et dont elle sera la rédactrice en chef jusqu’à son arrêt en 1988. C’est cette période que l’écrivain retrace pour ses lecteurs. En présentant pour la première fois ce livre rétrospective au Salon de l’édition et du livre de Casablanca, en février dernier, Zakya a soulevé l’émotion, sans pour autant tomber dans la nostalgie négative. Car malgré les coups durs des censures et interdictions, Lamalif apparaît aujourd’hui comme une référence dans l’histoire de la presse marocaine, avec autant de souvenirs et un bouillonnement intellectuel. En effet d’éminents chercheurs, économistes, politiciens y ont participé. « A quoi sert de s’émouvoir. L’émotion qui ne peut trouver d’issue dans l’action est un poison pour l’âme. Ceux qui souffrent n’ont pas besoin de sentiments de culpabilité ni de larmes, mais ont besoin d’aide (...). C’est ainsi que l’on peut tenter de faire bouger les choses », écrit la journaliste. Si l’historienne poursuit ses collaborations dans un certain nombre de revues à l’impact international, Arabies, Le Monde diplomatique ou Panoramiques, elle travaille également pour la Documentation française. Zakya Daoud a publié un grand nombre d’ouvrages sur les thèmes marocains qui lui sont chers, l’immigration et la citoyenneté, Marocains de l’autre rive en 2004 ou Travailleurs marocains en France, mémoire restituée en 2003, et aussi De l’immigration à la citoyenneté en 2003 toujours, Gibraltar, improbable frontière en 2002. Elle est aussi une historienne qui s’est penchée sur l’histoire méconnue de l’émir Abdelkrim, le premier indépendantiste marocain, à l’origine de la révolte du Rif dans les années 1920. Elle a abordé avec Maâti Monjib, le parcours politique de Ben Barka, son enfance et son destin tragique. Avec Benjamin Stora, elle a publié Ferhart Abbas, une utopie algérienne, puis s’est intéressée à la cause des femmes dans les trois pays du Maghreb dans Féminisme et politique au Maghreb publié en 1994. Dernièrement, l’écrivaine s’est essayée au roman historique avec Zaynab, reine de Marrakech.
Présentation à Rabat du roman de Zakya Daoud, "Les Aït Chéris"
Rabat, 08/11/2018 (MAP) - Zakya Daoud a présenté, jeudi soir à Rabat, son dernier roman "Les Aït Chéris", paru aux éditions Sirocco et qui raconte les histoires de plusieurs couples franco-marocains dont les destins nourrissent les "espoirs de la mixité" lors de quinze années "cruciales" dans la construction du Maroc.
Dans une déclaration à la MAP en marge de cette présentation, Mme Daoud a expliqué que ce livre, sorti en janvier dernier, raconte l'histoire de couples mixtes au début de l'indépendance, relevant que le roman fait ressortir différentes facettes de couples franco-marocains, qui tantôt s'engagent, tantôt ne s'engagent pas, ainsi que leur rapport à la politique qui varie entre désintérêt et implication.
Les faits narrés dans le roman retracent le vécu de personnes "que j'ai côtoyées durant les années post-indépendance", a-t-elle indiqué, précisant que ce retour en arrière n'"a pas été facile".
Ce retour en arrière était, toutefois, nécessaire puisqu'il s'agit d'une période fondatrice où "tout ce qui fait le Maroc actuel s'est décidé" tant au niveau de la politique d'enseignement, de la politique économique que de la politique politicienne.
Les 230 pages du roman racontent notamment l'histoire de Marie et Hocine, un couple, qui après s'être rencontré à l'Université en France, décide de s'installer au Maroc où Marie commence à vivre "dans la légèreté des choses", entourée d'autres "Aït Chéris" ou couples mixtes.
Des hommes comme Hocine, nationaliste, militent pour des transformations sociales, économiques et politiques, "tandis que d'autres choisissent l'attente, la compromission voire la trahison de leurs idéaux", lit-on dans la couverture du livre qui nous décrit des "visions de l'avenir qui s'affrontent".
Zakya Daoud, qui se définit toujours comme journaliste en dépit de son abondante production littéraire, est l'auteur d'un florilège d'ouvrages dont notamment "La marginalité au Maghreb" (1993), "Marocains des deux rives" (1997), "Gibraltar croisée de mondes" (2002), "Zaynab, reine de Marrakech" (2004) et "Les petits enfants de Zaynab" (2008). (MAP).
Photos © Guy Thimel