Hajar Kharroubi | 14:59 - 18 octobre 2019 Lien : https://www.barlamane.com/fr/corpus-ou-lexposition-qui-presente-sans-tabou-et-sans-voilage-des-enveloppes-charnelles/
Du 17 octobre au 30 novembre 2019, à Abla Ababou galerie, l’exposition Corpus réunira les œuvres inédites, audacieuses et innovatrices de 7 artistes talentueux, à savoir Karim Alaoui, Florence Arnold, Mahi Binebine, Fouad Chardoudi, Bouchta El Hayani, Christophe Mirallès et Mohammed Mourabiti, autour d’une thématique commune : le corps.
La représentation du corps humain dans l’art est un sujet qui intéresse l’Homme depuis que le monde est monde. Les artistes, ainsi que le commun des mortels, ont fait usage de plusieurs techniques artistiques pour représenter la nature humaine dans ses moindres détails. Pour ce faire, l’Homme a disséqué, découpé, des corps afin de percer les secrets de l’anatomie humaine. L’exposition, corpus, en marge de la première biennale d’art contemporain de Rabat, met en avant 7 artistes aux horizons différents.
Florence Arnold, artiste peintre qui vit et travaille à Casablanca depuis plus de vingt ans après avoir passé son enfance essentiellement en Afrique subsaharienne, confie à Barlamane.com/fr que la liberté s’affirme dans ses créations. « Le corps occupe beaucoup d’espace dans mes toiles. Il y a différentes histoires avec le corps que j’essaye de refléter dans mes tableaux. Dans cette exposition, j’ai présenté deux périodes qui m’ont marquée lorsque je m’intéressais à la thématique du corps. La première période symbolise une période difficile dans ma vie. A l’époque, j’essayais d’exprimer ma mélancolie dans des dessins sur un papier kraft avec des grandes bandes noires qui déchirent le corps. On pouvait ressentir cette tristesse par ces bandes noires et par ces écorchures. Je dessinais souvent un seul corps et les pieds étaient toujours présents dans mes toiles pour exprimer qu’il faut toujours prendre pied dans la vie. Quant à deuxième période, elle était plus joyeuse et allègre. J’essayais d’exprimer cet état effectif par des petits corps qui créent un seul corps au final qui deviennent, à un certain moment, un « corps paysage ». Comme j’aime la gestuelle et la danse, mes corps sont, aujourd’hui, en mouvement. Ce sont souvent des corps avec des mains qui s’approchent et qui s’entraident comme s’ils ramènent l’autre vers le haut », a-t-elle expliqué.
Mahi Binebine, peintre, sculpteur et écrivain marocain, explique que le corps est le reflet d’une humanité chancelante et cannibalisée mais surtout qui le fascine dans tous ses détails. « Le corps est un outil exceptionnel pour raconter la vie de la cité. C’est un outil expressif, révélateur mais surtout babillard. Il est facile pour le corps d’exprimer s’il est maltraité, s’il est heureux, s’il est peiné, s’il chante ou s’il crie. Je trouve que le corps est précieux et insurpassable. Dans mes toiles, des fois, il est coupé en deux, des fois il est endolori et mutilé. A travers le corps, on peut raconter la société et sortir tout ce qu’on a sur le cœur, une sorte de « catharsis ». Personnellement, j’utilise le corps comme un élément de langage dans mon oeuvre plastique. Je m’inspire de ce qui m’entoure : du Maroc. J’écris sur le Maroc, je peins le Maroc. Le Maroc coule dans mes veines. Ma motivation est ce pays qu’on aime et qui nous fait mal de temps en temps. « Aimez-vous les uns les autres » est le message que je souhaite véhiculer par mes toiles« , a-t-il fait savoir.
Bouchta El Hayani, membre du bureau de l’Association Marocaine des Arts Plastiques (AMAP), artiste peintre très connu par ses travaux idylliques dont les travaux ont été exposés partout au Maroc et au-delà des frontières, révèle à Barlamane.com/fr que le corps représenté dans ses toiles n’est que signe et symbole. C’est un tout qui échappe à ses certitudes. Dans ses tableaux exposés, un bonhomme dénudé attire toute l’attention des visiteurs. « J’ai créé le petit corps que j’exploite aujourd’hui dans mes toiles lors de la guerre du Golfe. Ce petit bonhomme que je présente, est un personnage dénudé et dans l’état de nature qui n’a pas d’yeux, ni de cheveux et ni de sexe. Je voulais saisir et peindre l’Homme. J’aurais pu le dessiner de face. Toutefois ce choix de profil est délibérément voulu pour qu’on puisse s’intéresser uniquement à sa quintessence. Un homme qui rentre en soi et qui médite sur sa condition et sur ce qui se passe autour de lui. Il faut savoir que plusieurs événements m’ont marqué à l’époque, à savoir la guerre du Golfe, les événements de Casablanca, le terrorisme, les génocides en Afrique ainsi que l’immigration irrégulière qui faisait et fait toujours des morts. « Est-ce que l’Homme n’a pas perdu le sens de l’humanité en lui-même » ? je voulais exprimer ces frustrations-là« , a-t-il indiqué.
Pour Fouad Chardoudi, artiste peintre et poète marocain, l’essence du corps est une présence matérielle dont l’existence se définit par la conscience et le désir, comme l’affirme Spinoza. « Pour moi, le corps nous lie tous dans cet univers fascinant et envoûtant. Nous avons tous les mêmes organes c’est pour cela que nous devons nous intéresser à ce corps comme étant un point en commun qui nous unit, qui nous pousse à dialoguer mais surtout qui nous donne « le goût du partage » pour que nos différences soient une richesse au lieu d’un facteur déclenchant le conflit. Chaque corps raconte une histoire et un vécu donné. Toutefois, chacun pense de son corps, dans un silence absolu, en secret et en cachette, sans en parler avec son entourage, c’est pour cela que j’ai choisi de parler des corps ouvertement et publiquement. Pour moi, il ne faut plus penser du corps d’une manière dégradante. Il faut parler du corps, ce n’est plus un tabou », a-t-il relevé. « Je m’inspire du cinéma, de la poésie, des romans, de la musique, du théâtre et de la nature. Je m’intéresse également à certains détails, que les autres ignorent, qui me communiquent parfois des sentiments que j’essaye de refléter dans mes tableaux. Chaque tableau pour moi symbolise un message unique que je considère comme une sorte de cadeau que j’offre au macrocosme », a-t-il poursuivi.
Quant à Karim Alaoui, son travail situé entre design et sculpture s’est imposé comme une véritable référence. Il utilise le bronze, la résine et l’inox pour réaliser des corps en mouvement ou alors alanguis, dont la plupart sont en couple. Christophe Mirallès, qui se consacre exclusivement à la peinture, s’attaque au volume et à un assemblage de formes, utilisant ainsi des tons rouille qui renvoient à un magma oxydé. Un véritable travail où le corps, entre sculpture et dessin, n’est qu’un prétexte pour fouiller dans sa mémoire et son identité.
Il semble ainsi que l’exposition « Corpus » est un voyage féerique qui amène les visiteurs à exploiter le monde de l’humanité et des enveloppes charnelles. C’est surtout un un « voyage initiatique qui interroge les limites du visible pour mieux comprendre la place de l’homme dans l’univers ».
Média électronique : l’economiste.com
Lien : https://leconomiste.com/agenda/exposition-corpus-abla-ababou-galerie-jusqu-au-30-novembre-2019-rabat
Média électronique : Babelfan.ma
Lien : http://www.babelfan.ma/tous-les-evenements/detail/2019/10/10/28487/37401/all/all/0/-/corpus.html
Média électronique : Sortirmag.ma
Média électronique : Article19.ma
Média électronique : shoelifer.com
Lien : https://shoelifer.com/arts/agenda-culturel-voir-a-rabat-marrakech-casablanca-jusquen-decembre-2019/
Presse écrite : الشمال الفني