Itaf Benjelloun est une artiste marocaine originaire de Ksar el Kébir. Sculpteure, designer et architecte d’intérieur, elle vit à Tanger. C’est là qu’elle a réalisé divers travaux d’aménagement d’intérieurs, de restauration et de décoration , ainsi que dans d’autres villes du Maroc . Elle a réalisé également plusieurs décors de cinéma et de théâtre. Sa première exposition a eu lieu àTanger en 1997. Les sculptures de Itaf Benjelloun ne peuvent pas laisser indifférents. Elles étonnent d’abord. Elles sont si singulières et si familières à la fois. Singulières car elles sont faites de bric et de broc, de fer, de terre et de bois. Et familières car on reconnaît ce pied….de chaise, cette herse… griffue, cette spirale…. angoissée… Mais de la même façon que, sous sa plume de poète, Francis Ponge transfiguraient des objets quotidiens, Itaf Benjelloun subliment des fragments d’objets qui s’épousent, s’animent, dansent dans un mouvement cosmique. L’objet quotidien renferme en lui un monde que l’artiste perçoit et fait parler. Ainsi elle confiait dans un entretien cette jubilation ressentie très tôt face à l’objet en devenir et encore muet : « Aussi longtemps que je me souvienne, dans mes jeux d’enfant , il y avait toujours des fragments de matériau que je manipulais pour reconstituer un monde à l’échelle de mon imaginaire (…) Une boite cassée ou un objet ….ces choses renfermaient des histoires.» Sculpter, pour Itaf, c’est recréer : c’est faire se rencontrer des morceaux épars et d’autres fragments délaissés et de cette rencontre, faire naître une histoire ! C’est souvent une histoire de soudure, de fusion, de fêlure... Une histoire d’amour, peut être. C’est du moins ce que suggère l’exposition « Danse avec moi » d’octobre 2011 à la villa des Arts à Rabat. Etait mis en scène le ballet insolite de corps métalliques s’enroulant dans un tourbillon d’acier, aux visages ébréchés, aux regards égarés, perdus l’un dans l’autre, ... des corps se soudant, fusionnant, s’agrippant l’un à l’autre au point de ne faire qu’un. Des visages morcelés figurant la passion qui embrase et brise. Des danseurs emportés dans un tango langoureux qui colle leurs mains, donne leur envol à leurs corps désarticulés . Mais c’est une interprétation possible de ce ballet. D’autres lectures sont possibles. Les sculptures de Itaf sont une invitation au rêve, à l’envol, au voyage dans l’imaginaire. Une danse en trois temps : fer, terre, bois.
Itaf Benjelloun is a Moroccan artist originating from Ksar el Kébir. She is a sculptor and designer living in Tangier. It is in this city that she creates diverse works in interior design for restoration and decoration, traveling to other Moroccan cities. Additionally, she has worked with cinemas and theaters. In 1997, her works were exhibited for the first time in Tangier. Her sculptures never cease to leave one feeling indifferent and surprise its viewers, yet, they have a sense of familiarity and singularity. The singularity is due to her use of odds and ends of materials, iron, soil and wood and the familiarity being that we recognise the leg…of a chair, this hearse…claw, this spiral…nervous…
In the same manner that poet Francis Ponge transfigures commonly used objects, Itaf Benjelloun sublimes fragments of objects that pair up, entertain and dance in a cosmic movement. The common object closes in on itself a world the artist can perceive and have them speak for themselves. In conversation, she further elaborates this glee she faced with the object to the point of leaving her speechless again. “As long as I can remember, in my childhood games, there were always fragments of materials I manipulated to reconstruct another world based on my imagination (....) A broken box or an object…these things held stories in them.” According to Itaf, sculpting is about pieces meeting, leaving each other, giving birth to a story! It is often a story of welding and fusion… maybe a love story. This is suggested in the exhibition “Danse avec moi” in Rabat (Villa des Arts, October 2011). In this ballet, unusual, metallic bodies wreath into a whirlwind of steel, hackled faces, loss in their eyes, lost in one another… bodies welding, merging, gripping on another to the point of consolidating one. Fragments of faces evoking passion that incites and breaks. A possible interpretation of this ballet is the dancers are carried away in a languid tango, cemented onto their hands, giving away their flight to their dislocated bodies. Other interpretations are possible as well. Itaf’s sculptures are an invitation to enter a dream, flight on an imaginary voyage going to fire, earth and wood.